La première#3: Breaking Bad

L’adolescent était assis, ébahi devant le film projeté. Un bon blockbuster hollywoodien, où le gentil héros sauve à lui seul le pays- voire le monde, on n’est plus à ça près- du plan machiavélique du méchant. Alors non, je ne compte pas parler du mythique discours du méchant juste avant de tuer le gentil, ou autre incohérence scénaristique ayant pour simple but de contenter le spectateur moyen.

Je le vois, en train de s’émerveiller devant le héros, cet homme si droit transpirant la testostérone, à qui aucune femme du film n’a su résister. Il deviendra comme lui, c’est sûr pour lui maintenant. Il deviendra plombier comme le héros (bah quoi, pour une fois que le scénario est un peu original vous n’allez pas vous plaindre !) et sauvera le monde (oui, moi aussi je serais curieux de voir le film), pour la troisième fois de sa vie (ha, les suites).

Il faut que je le sauve, que je le sorte de ce circuit préconstruit.

Quel format ?

Episodes de 42 minutes

Et maintenant, on en est où ?

62 épisodes répartis sur cinq saisons

Durée totale de la série : 44h

Mon avis, uniquement basé sur le visionnage de l’épisode 1 :

Je profite de l’obscurité de la salle de cinéma pour m’asseoir à côté de lui. Le film se termine, le générique de fin commence à défiler à l’écran. C’est le moment idéal.

« Alors gamin, t’as aimé ?

• Bah ouais ! C’est un homme comme nous, avec une vie banale, mais… C’est super, on peut tous vivre une histoire géniale, même si on ne fait rien pour, et »

Bon il est atteint. Va falloir agir, mais je suis certain que je peux en faire quelque chose. Je profite qu’il étouffe dans son pot de pop-corn (oui, c’est moi qui l’y maintiens, mais c’est pas la question ici) pour lui raconter une histoire.

« Je vais te raconter une histoire gamin. Pas une histoire de cinéma, mais l’histoire de la vie. Tu es prêt ?

• *cri d’étouffement*
• Bon, alors j’envoie. C’était un gars basique, avec une femme et un enfant, professeur de chimie au collège qui doit prendre un job à côté, pour subvenir aux besoins de sa famille. Un bon gars, il fait tout son possible pour s’en sortir, sans jamais rien faire d’illégal ni d’incroyable. Bref, le gentil de base du cinéma. Et tu vois, le moment au cinéma américain où ce gars aurait vu sa femme enlevée par les russes (ou inversement, choisissez selon l’origine de votre scénariste) et se serait battu pour la sauver et serait devenu une sorte de terminator (oui, la construction étrange de cette phrase est voulue)…. Hé bien là non. Le combat est différent, pas de Russes, pas de Chinois, pas de Japonais (coucou Luc), pas de mafia… Mais un cancer. Yep, le crabe. Et pour un gentil gars qui a déjà du mal à joindre les deux bouts, on peut pas dire que ça soit une bonne nouvelle. Alors quoi, on sort les violons et on en fait un film dramatique ? Non, on se rappelle que le gentil père de famille est doué en chimie donc que produire de la drogue, c’est facile pour lui, et lucratif. Alors là, on enterre l’aspect manichéen, et on regarde comment réagit un homme face à la vie, même le meilleur des hommes. Et là ça devient intéressant. »

Mon avis, uniquement basé sur le visionnage de l’épisode 1 :

Un scénario non manichéen, sur un homme qui doit choisir entre ses principes et la vie. Franchement je vous le conseille.

Le voilà qui ressort sa tête du pot. Un adolescent ce n’est jamais bien vif, mais de là à fixer l’écran sans réagir… Le choc surement. Dans le doute, je l’assomme, et le kidnappe. C’est pour sa santé, c’est légal. De toute façon, ce ne sont pas ses parents qui se plaindront. Ils devraient même me remercier. Je penserai à leur envoyer la facture pour ces instants de tranquillité.

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A plus & Carpe Diem